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Avatar

Preview #1

Après plus de 10 ans d'absence, James Cameron revient au cinéma de Science-Fiction, dont il est l’un des maîtres !

Avatar, qu’il prépare depuis une éternité, pourrait révolutionner non seulement le genre, mais aussi la manière de réaliser et de visionner les grands spectacles du 7ème art. Après avoir marqué de son empreinte le cinéma de SF avec Terminator 1 et 2, Aliens et Abyss, James Cameron a signé avec Titanic le plus grand succès de tous les temps.

Épuisé par ce tournage ô combien mouvementé, il s’était réfugié dans les profondeurs océanes pour filmer des documentaires consacrés aux épaves du Titanic et du Bismarck, ainsi qu’aux créatures abyssales les plus étranges. Bien sûr, pendant toutes ces années, l’homme qui déclare volontiers que « Dormir est une terrible perte de temps » peaufinait bien d’autres projets.

James Cameron Avatar

On le savait affairé à développer l’adaptation du manga Battle Angel Alita, avec la participation des équipes de conception artistique du studio Weta, mais c’est surtout son mystérieux Avatar qui enflammait l’imagination des cinéphiles depuis une bonne dizaine d’années. Une version ancienne du script traînait sur internet, mais Lightstorm entertainment, la société de Cameron, contactait promptement les sites web qui la diffusaient, pour leur demander de la retirer.

Dès 2006, les rumeurs laissaient entendre qu’un budget de 200 à 300 millions de dollars aurait été validé par la Fox pour produire cette grande fresque de SF.

On sait aujourd’hui que Cameron avait d’abord obtenu 10 millions de dollars du studio pour travailler sur la recherche et le développement des équipements nécessaires à la création du film. Les dirigeants de la Fox avaient d’ailleurs des sueurs froides en songeant qu’ils venaient de miser cette énorme somme sur un procédé expérimental qui pouvait très bien…ne pas fonctionner du tout !

Mais l’échec n’était pas une option envisageable pour Cameron, dont la détermination à arriver au but est semblable à celle des Terminators qu’il a créés ! Le réalisateur a travaillé avec le superviseur d’effets visuels Rob Legato (l’un des anciens pilliers de Digital Domain) pour mettre au point un système de prévisualisation sophistiqué, qui permettait de montrer comment des caméras vidéo haute définition en relief pouvaient filmer librement des acteurs, tout en les insérant en temps réel dans des décors en images de synthèse et en relief !

James Cameron Avatar

Convaincus par une première démonstration, les patrons de la Fox, enfin soulagés, ont accepté de décaler la sortie d’Avatar de mai à décembre 2009 afin de permettre à Cameron et au studio Weta de travailler dans de meilleures conditions sur une post-production qui s’annonçait particulièrement complexe. « Croyez le ou non, mais les prises de vues réelles ne représentent qu’une toute petite partie du film » a déclaré alors Cameron. « C'est un très, très gros projet, dont le tournage ne durera environ qu’un mois et demi. La brièveté du tournage est due au fait que nous utiliserons énormément d'images de synthèses, et que les effets visuels permettront de créer une grande partie du film, notamment grâce au procédé de capture de performances. Nous utiliserons différentes techniques, mais l’essentiel du film sera créé en post-production.

Avec notre système de capture de performances, nous captons exactement ce qu'un acteur fait et nous le transposons à l'intérieur d'un personnage numérique sans l'aide d'animateurs. Ce n'est donc pas une performance modifiée par un tiers : elle est entièrement créée par le comédien lui-même. Je suis extrêmement rigoureux sur ce point, et je tenais à créer un processus de capture qui soit au service du réalisateur, et qui reflète parfaitement le travail qu’il accomplit en dirigeant ses acteurs. Nous travaillons sur cela depuis de longs mois, et nous sommes enfin prêts. »

James Cameron Avatar

Rob Legato a apporté plus de précision en déclarant qu’Avatar serait composé à 20% de prises de vues réelles tournées avec des acteurs dans des décors extérieurs, et 80% de scènes dans lesquelles les acteurs réels, les personnages extraterrestres et les environnements 3D seraient mêlés. « Pour résumer, on pourrait dire qu’il s’agit d’un film 3D avec des prises de vues réelles dedans » ajoutait Legato. Pendant le tournage, qui s’est déroulé entre Los Angeles et Wellington, en Nouvelle Zélande,à partir d’avril 2007, James Cameron dirigeait son film de plusieurs manières. Il tournait certaines scènes sur un plateau nu, en mêlant deux procédés: le tournage des comédiens sur fond bleu (afin de les incruster dans les décors 3D) et la capture simultanée des performances des acteurs jouant les extraterrestres, qui allaient être remplacés ensuite par les aliens virtuels. Il dirigeait aussi la création des environnement 3D de la planète Pandora (on murmure que la conception artistique de sa faune et de sa flore est absolument époustouflante, et sera l’un des chocs visuels du film), et l’animation finale des avatars humains (incarné par Sam Worthington et Sigourney Weaver) et des Na’vi (Zoe Saldana, CCH Pounder).

Un des personnages les plus importants d’Avatar ne sera pas mentionné sur les affiches du film : il s’agit de la fameuse caméra HD numérique 3-D initialement mise au point pour ce film, et qui a déjà commencé sa carrière…entre d’autres mains que celles de Cameron !

James Cameron Avatar

Le réalisateur s’amuse d’ailleurs de cette situation, en évoquant les six années qu’il a passé à développer cette caméra révolutionnaire. Son co-inventeur est l’ingénieur Vince Pace, qui a participé aux prises de vues sous-marines des documentaires Ghost of the abyss et Aliens of the deep, et a occupé aussi le poste de directeur de la photo sur Avatar. « Vince et moi avons travaillé sur ce système depuis 2000. Cette caméra a été développée pour moi. Nous avons vraiment travaillé dur pour la mettre au point. Nous l’avons rendue fiable, améliorée, repensée, et l'ironie de la situation, c’est que d'autres personnes s'en sont servies avant moi ! Ceci dit, c’est une bonne chose. Elle a prouvé ses qualités depuis, et ça me plaît ! ».

L’invention de Cameron et Pace est munie de deux objectifs pourvus de moteurs, qui peuvent se rapprocher ou s’écarter l’un de l’autre et converger pour viser un objet ou un personnage, tout comme nous le faisons naturellement avec nos yeux. La grande innovation de cette caméra, c’est qu’elle est « pilotée » par un logiciel qui règle automatiquement les objectifs pendant les prises de vues, en mesurant la distance à laquelle se trouve le sujet que l’on filme. C’est un peu l’équivalent de « l’autofocus », le réglage de netteté automatique que l’on trouve sur tous les appareils photos, mais appliqué aux prises de vues en relief. Selon Cameron, les prises de vues que l’on obtient projettent le spectateur au cœur de l’image, sans créer la moindre fatigue oculaire, ni produire la moindre image résiduelle d’un point de vue à l’autre. Quatre exemplaires de la caméra 3-D HD Cameron/Pace ont été utilisées par d’autres équipes avant que James Cameron ne commence à tourner Avatar : trois sur Voyage au centre de la terre 3-D, réalisé par Eric Brevig, et la dernière sur un court-métrage destiné aux salles Imax 3D, Ocean Frenzy. IMAX et la Fox ont d’ailleurs annoncé qu’Avatar serait lancé simultanément dans les cinémas IMAX 3D et les cinémas 3D conventionnels.

James Cameron Avatar

Comme ce fut le cas pour Terminator, Abyss et Titanic, James Cameron n’a pas voulu engager de grandes stars pour figurer dans la distribution d’Avatar, à l’exception de Sigourney Weaver, avec laquelle il avait envie de retravailler depuis leur formidable collaboration sur Aliens. Comme s’il s’agissait d’un passage de flambeau d’une héroïne à un nouveau héros, Weaver incarne la botaniste Grace Augustine, mentor de Jake Sulley. Elle n’a pas caché son plaisir de retrouver James Cameron, 20 ans après Aliens : « Avatar sera un film incroyable. A la fois très ambitieux, spectaculaire et romantique. Pendant le film, le personnage de Jake et le mien, qui est un peu plus âgé, vivent des aventures parallèles qui se déroulent au même moment. J’ai tourné toutes mes scènes avec Sam Worthington, et nos deux personnages ont une relation délicieuse. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas révéler l’intrigue, mais je peux vous dire que Sam Worthington est un acteur formidable et un garçon adorable. Son charme, son humour et sa sincérité vous frappent dès que vous travaillez avec lui. ».

Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à attribuer le rôle principal de son film à Worthington, qui était un acteur presque totalement inconnu, Cameron a répété son crédo « C'est tellement plus excitant de découvrir des gens qui sont tout à fait mûrs pour percer, de voir ce qu'ils ont en eux, et de les pousser pour leur permettre d’atteindre le niveau suivant. Cela me semble plus intéressant que de faire monter Tom Cruise, John Travolta, ou une autre célébrité à bord du train. Ce sont de grands acteurs, mais ça ne m'intéresse pas autant. » Dans le camp des humains venus sur Pandora figurent aussi les personnages de Trudy Chacon, une forte femme interprétée par Michelle Rodriguez, ainsi que Selfridge, incarné par le toujours excellent Giovanni Ribisi. La séduisante Zoe Saldana, que nous découvrirons bientôt en Uhura dans le Star Trek de J.J. Abrams, campera Neytiri, la Na’vi la plus proche de Jake, tandis que C.C.H. Pounder, bien connue des fans des séries policières New York District (en V.O. Law and order) et The Shield, donnera tout son charisme à une Na’vi pleine de sagesse appelée Moha.

Par Pascal Pinteau du site effets-speciaux.info

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Preview #2

15 minutes d'Avatar : le bilan

Pour rien au monde on n'aurait loupé ça. 15 minutes d' Avatar en salles et en 3D (et même en Imax pour certains), le lendemain même où la découverte de sa bande-annonce sur le net nous avait laissé un goût doux-amer dans la bouche. Immanquable oui, car ce foutu doute qui commençait à nous gangrener l'esprit, on tenait à le voir réduit en poussière pour de bon, il fallait en avoir le cœur net. Et cet opération marketing en forme de prototype en était l'occasion rêvée.

Au Gaumont Opéra, dès la première séance de 18h, la salle est déjà bondée; le public, lunettes 3D coincés sur le nez, littéralement hystérique. D'entrée de jeu, une question en forme d'évidence s'impose : qui d'autre que James Cameron pouvait aujourd'hui rameuter dans les salles, une foule chauffée à blanc pour ne lui présenter finalement qu'une simple « bande annonce rallongée »? Hein, sérieusement, qui?

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Bam !, le show peut commencer. Première scène. Le souffle est déjà coupé net. Un briefing avec des marines et un Sam Worthington paraplégique. Pas grand-chose quoi. Sauf que. Cinq photogrammes suffisent pour decréter qu'ici la 3D est en harmonie parfaite avec le projet de mise en scène du King Cameron: jamais un gadget, jamais un truc ostentatoire, juste un ressenti complètement inédit en forme d'immersion absolu. Dingue. Le second extrait (Worthington, cette fois accompagné de Sigourney Weaver , se prépare à être encapsulé pour donner naissance à son avatar) nous rassure vite sur notre intuition: la dimension ajoutée à la profondeur de champ est époustouflante, même sur des plans très serrés, d'autant plus que maintenant les raccords se font essentiellement dans le mouvement d'une caméra bondissante. La scène, a priori « de transition », devient littéralement stupéfiante de nervosité et de génie virtuose, presque musicale dans son approche rythmique. C'est précisément là qu'on se rend à quel point Jim nous a manqué.

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Puis s'enchaîne 4 séquences où les humains laissent place à leurs avatars et aux Na'vis (les humanoïdes bleutés dont le look nous avaient un peu refroidi durant la bande-annonce), et là difficile de ne pas empiler les superlatifs tant ce qui se déroule devant nos yeux prend rapidement des airs de doux rêve éveillé. Outre l'évidence du génie technique (on s'y en attendait un peu quand même), Avatar, une fois le pied posé sur la planète Pandora, promet bel et bien d'être cette odyssée SF mêlant le récit d'apprentissage à l'aventure titanesque (hum hum...), la love-story bucolique au film de guerre intergalactique, se calant pile dans une filmo cameronienne tiraillée en permanence entre les sphères de l'intime et celles de la grandeur pyrotechnique. Du coup, une fois nos derniers doutes mis au tapis, tout devient limpide: chaque choix, chaque parti-pris, fait sens, et semble relever d'une esthétique aussi harmonique que sensationnelle.

Voir évoluer ces fameux Na'vis dans un environnement recrée de toute pièce et convoquant à la fois Miyazaki et Willis O'Brien, relève de l'inoui, du spectacle total entre poésie primitive et visions futuristes . On évitera, pour préserver un effet de surprise bienvenue, de dévoiler la teneur scénaristique de ces extraits, sachez juste qu'ils laissent entrevoir un film ayant pleinement pris la mesure des attentes qu'il a pu susciter. Finalement, que le projet excite de par sa teneur industriel, technologique, romanesque ou métaphysique importe peu, car au bout du compte tout le monde devrait être comblé. King of the world? Plus que jamais.

(premiere.fr)

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Preview #3

Un choc ! Depuis Titanic, il aura fallu dix ans à James Cameron pour réaliser un nouveau long métrage mais l'attente en valait la chandelle. La démonstration de ces 15 minutes incroyables laisse déjà entrevoir la révolution qui est sur le point de s'opérer en termes d'expérience du cinéma par le spectateur. Jusqu'alors, nous n'avions vu que des films utilisant la 3D comme un procédé dispensable destiné à ajouter un peu de piment à des films résolument conçus pour la 2D. Avec Avatar, tout ce que nous avons vu jusqu'à présent dans le domaine devient immédiatement obsolète : James Cameron nous ouvre une porte, nous fait pénétrer un nouvel espace, une nouvelle dimension restée - on s'en rend compte à présent - inaccessible auparavant.

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A ce niveau, plus besoin de multiplier les effets-gadgets destinés à créer le frisson, tels que les objets fonçant dans notre direction : dans Avatar, nous sommes "dans" l'action, littéralement, une impression qui ne s'explique pas uniquement par la réussite technique mais aussi par une mise en scène complètement repensée en fonction de l'espace illimité offert par la 3D (là où les prédécesseurs du cinéaste se contentaient de greffer de la 3D sur une mise en scène classique). Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de l'immersion totale. Sachant que la définition de l'image atteint un niveau bluffant, la sensation peut s'avérer assez vertigineuse lorsque la profondeur de champ entre en jeu (scène où Jake Sully dompte une créature en haut d'un précipice), ou encore merveilleuse lorsque les décors déploient des trésors d'imagination (sublimes plans nocturnes dans la jungle).

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Qu'en est-il du film lui-même ? Difficile d'émettre une opinion définitive à partir de 15 minutes seulement, mais ces images alléchantes permettent d'ores et déjà de découvrir un monde féerique, peuplé de créatures étranges aux designs réussis. Sur le plan artistique, James Cameron met le paquet : qu'il s'agisse de l'animation, très fluide, de la photographie créatrice d'ambiance ou des choix graphiques osés (le bleu de la peau des aliens est splendide), ces quelques minutes laissent présager à coup sûr d'une vraie claque visuelle, et certainement d'un film d'aventures riche et imaginatif. Verdict en décembre prochain.

(filmsactu.com)

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Critique #1

Avatar : On a vu le nouveau film de Cameron

C’est donc ÇA ? Ça, le futur du cinéma ? Ça, l’explosion d’un nouveau monde numérique censé remettre les pendules à zéro et renverser notre rapport aux films ?

Alors oui, on a vu Avatar . Et oui, c’est bien CA le futur du cinéma. Avec son immersion 3D révolutionnaire (on se retrouve réellement dans la peau d’un Na’avi), son expérience visuelle sidérante qui représente vraiment une rupture, Avatar risque de tout bouleverser… mais surtout les spectateurs.

Reprenons : l’action de cette aventure, écrite par Cameron lui-même, se déroule en 2154 sur une planète lointaine où un groupe d’industriels cyniques exploite un minerai rare. Le problème ? les autochtones : les Na’vi, des extraterrestres bleus qui vivent en harmonie avec la nature.
Pour les contrôler, les Terriens ont créé des «avatars» qui leur permettent d’investir Pandora et de négocier avec les aliens. Jake Sully (Worthington , génial), ex-marine cloué sur un fauteuil roulant, est choisi pour «piloter» un avatar et rapidement, Sully adopte les mœurs des Na’avis.

Mais le cynisme et la cupidité des industriels va l’obliger à faire des choix…

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Au-delà du discours socio-écolo évident (l’aspect prédateur de la civilisation américaine, les terriens impérialistes et cupides), au-delà de la performance technologique, Avatar est d’abord un pur film de SF dont la plus intéressante partie réside dans la découverte de l’univers des Na’avis. Cameron , nerd scientifique (c’est un collaborateur de la NASA) déploie un univers absolument stupéfiant. Comme une vieille couverture de roman SF fifties qui se prendrait vie devant nos yeux, le film nous fait découvrir la jungle luxuriante de Pandora, ses montagnes en apesanteur (merci Miyazaki ), ses créatures entre dinosaures et monstres mythologiques… La différence c’est que pour une fois, on n’est plus spectateurs, mais acteurs (cf. ce plan sidérant de caméra subjective qui nous donne l’impression de VRAIMENT descendre de l’avion avec les marines).

Alors, Avatar, fantasme de SF ? Ce serait trop simple et trop réducteur. Car Avatar ressemble à s’y méprendre à un manga live. Tout y évoque le graphisme surstylisé des «animés» (le look des na’avis, les Mechas de la fin…) et Cameron cite allègrement Miyazaki ou Oshii . Avatar ressemble aussi à un jeu vidéo (notamment à cause de l’utilisation de la mo-cap que mes confrères de la rubrique jeux vidéos prétendent avoir inventé il y a 15 ans).

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Mais Avatar c’est aussi un pur Western (les Na’avis dans le rôle des indiens et les marines dans celui des cowboys sanguinaires) ; un des space opera les plus dingues qui renvoie le Star Wars de 77 dans les cartons de notre vieille cave (il y a le plus beau plan de navette spatiale jamais vu) ; une love story et un film initiatique… Bref, Avatar est un film-somme. Une entreprise totale qui rappelle que le roi Cameron a toujours été un nerd impérial à la viscéralité bourrine, un cinéaste hi tech avec un côté prolo nouveau riche qui est le seul à pouvoir défier les col bleus des studios et les rois du marketing pour signer ça. Ca ? On y revient forcément… Une love story, des combats aériens et terrestres, une épopée digne de David Lean , Asimov ou Homère. Avatar est un bijou de cinéma.

(Premiere.fr)

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Critique #2

Nouveau mythe de la science-fiction, révolution technologique sans précédent, univers époustouflant de puissance et de beauté. Avatar est tout. Gloire au génie de James Cameron !

Avant, au cinéma, on s'asseyait dans un fauteuil face à un écran blanc en attendant que les lumières s'estompent et que le film commence. Et James Cameron créa Avatar. S'il est un rituel que l'on retiendra de ces sublimes indigènes à la peau bleue, c'est que tout homme naît deux fois. Avatar est une seconde naissance. La nôtre et celle du cinéma. Pour la première fois, la 3D n'est plus un simple accessoire. C'est la plus prodigieuse avancée technologique depuis l'apparition du Technicolor, avec cette impression quasi irréelle de voir véritablement pour la première fois.

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Lieu de l'immersion : Pandora, mystérieuse planète luxuriante à un point qui défie l'imagination, et des richesses infinies que l'Homme compte bien s'approprier. Jake Sully, un ex-marine en fauteuil roulant, a été choisi pour rejoindre un programme scientifique de pointe. Afin de rentrer en contact avec les Na'vis, le peuple natif de Pandora, et de les faire s'écarter gentiment pendant que des commandos armés raseront leurs forêts et exploiteront leur sol, les humains ont créé les avatars, des êtres hybrides mi-humain mi-Na'vi. Dans le corps de son avatar, Jake se lance à l'assaut d'un monde nouveau, où il va devoir apprendre à connaître le lien puissant qui existe entre ses habitants et leur Terre.

Montagnes arrachées aux lois de l'apesanteur, forêt tropicale enchevêtrée de lianes, de cascades vertigineuses et de toute une flore à la beauté sans pareille... Tout en Pandora appelle au respect. Avatar est bien un space opéra à la fibre farouchement écolo. Son monde se redécouvre à la nuit tombée, illuminée d'une nature phosphorescente qui laisse sans voix. Et c'est peut-être là un des plus grands accomplissements de James Cameron. Au-delà de l'incroyable révolution technologique que représente son film, il a enfanté un nouveau monde renversant avec ses trésors de faune et de flore, créé toute une mythologie autour de ces indigènes guerriers. Un travail comparable à celui de toute une vie, à l'image de celle que Tolkien avait consacré à sa Terre du Milieu.

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Alors si le scénario de James Cameron n'avance pas en terre inconnue et qu'il joue parfois de personnages archétypaux, tout résonne pourtant ici avec une infinie justesse. Il sait allier les rituels d'initiation à l'histoire d'amour naissance entre Jake et la belle guerrière Neytiri sans jamais rien souligner, et vous laisser, enfin, sous le coup d'une émotion que l'on ne sentait pas venir. Il y aura un avant et un après Avatar. Même si l'on a jamais été aussi curieux de découvrir ce qui viendra après, pour l'heure, notre seul désir est de repartir sur Pandora et de vivre une nouvelle fois ce voyage époustouflant.

(L'express.fr)

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Critique #3

Annoncé comme une révolution en matière d'utilisation de la 3D au cinéma, Avatar est finalement beaucoup plus... et tant mieux ! James Cameron n'a pas changé et prouve ici qu'il est un maître incontesté de la narration, parvenant à nous scotcher littéralement pendant 2h41 à une histoire très simple finalement, prouvant au passage que ce sont dans les vieilles casseroles qu'on fait les meilleurs plats. Personnages attachants, empathie immédiate, mise en scène et découpage parfaits, Avatar enchaîne les images magnifiques renvoyant directement à la raison première pour laquelle on aime le cinéma : être fascinés. Une mission qu'il remplie aisément en proposant un nombre d'idées visuelles par seconde qui laisse pantois d'admiration. S'il n'y avait pas un immense défi technique derrière, Avatar serait déjà un très grand film, c'est une certitude. Et pourtant, on ne peut s'empêcher de relever que le film de Big Jim révolutionne l'image de synthèse en donnant une âme à ses personnages virtuels, marquant définitivement l'histoire du cinéma.

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On pourra toujours reprocher à Avatar d'être moins complexe qu'un Titanic dans son histoire, mais la comparaison n'a pas lieu d'être tant les projets n'ont finalement rien à voir. Ici James Cameron a crée un monde, un univers, comme on en avait jamais vu depuis Star Wars. Seul réel bémol : l'impression que le film pourrait être plus long. Les 2h41 passent comme une lettre à la poste et l'envie dès les cinq premières minutes du film de les revoir, confirment qu'on est là devant du très grand cinéma.

AVATAR nous entraîne dans un univers spectaculaire qui repousse les limites de notre imagination. Un héros malgré lui se lance dans une aventure épique qui le conduira à se battre pour sauver un monde lointain ; un monde qu'il finira par considérer être le sien.

James Cameron, le réalisateur oscarisé de TITANIC, a commencé à concevoir le film il y a quinze ans, à une époque où les moyens pour concrétiser sa vision n'existaient pas encore. Aujourd'hui, après quatre ans de production intensive, AVATAR offre une expérience cinématographique unique, portée par une nouvelle génération d'effets spéciaux. Une technologie révolutionnaire inventée pour le film qui laisse toute sa place à l'authenticité émotionnelle des personnages, pour une immersion totale du spectateur dans l'intensité de l'histoire.

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Nous découvrons ce monde lointain à travers le regard de Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant. Malgré sa paralysie, Jake est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des « pilotes » humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora.

Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake. Ce dernier est alors recueilli par son clan, et à travers de nombreuses épreuves et aventures, il va apprendre progressivement à devenir l'un des leurs. Alors que la relation entre Jake et la réticente Neytiri s'approfondit, Jake en vient à respecter le mode de vie des Na'vi et finit par trouver sa place parmi eux.

Reste pour lui à affronter l'ultime épreuve en les menant dans une bataille épique qui devra sceller le destin de tout un monde.

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Cinq minutes. Au bout de cinq minutes du film pourtant quasiment uniquement composées de plans de la bande-annonce, on a déjà envie de les revoir. La raison d'un tel engouement provient notamment de l'univers crée ici, assemblé par James Cameron et pensé dans le moindre détail pour être « crédible » dans le sens le plus total du terme. Une bouffée d'air totalement dépaysante, où les images de synthèses ne sont pas juste là pour mettre en image ce qu'il était impossible de filmer mais pour donner vie à un environnement totalement imaginaire. Et il ne faudra même pas une heure pour se prendre à vouloir aller visiter cet endroit, à vouloir aller l'explorer. Ceux qui n'ont pas connu le choc que fut la sortie de Star Wars en 1977 peuvent maintenant imaginer son ampleur. En effet la recette initiale de James Cameron a finalement beaucoup de points communs avec celle de George Lucas : créer une dimension ouverte, réveillant nos instincts d'amateurs d'aventure, en partant de quelques points nous reliant à la réalité (ici quelques plans d'un voyage spatial, sublimement filmés de l'intérieur du vaisseau) pour mieux repousser ensuite les limites de notre imagination. La comparaison avec George Lucas s'arrête là.

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Le premier trait de génie de James Cameron apparut avec Terminator, qui, en plus d'une histoire accrocheuse, de visions futuristes et cauchemardesques incroyables, innovait par son rythme, le récit étant raconté au cœur de l'action avec une maestria inédite. Un grand narrateur était né, possédant en lui la faculté de revenir à l'essence même de ce qu'est le cinéma : raconter des histoires. Si cette caractéristique n'a jamais quitté Cameron, elle est plus que jamais présente dans Avatar. En effet, la faculté qu'a le film à nous prendre dès les premiers instants et ne plus nous lâcher jusqu'à sa dernière minute n'aura que rarement connu son pareil, sa durée de 2h41 passant sans problème et la richesse de l'univers laissant le sentiment qu'on aurait aimé en voir encore plus.

Mais James Cameron ce n'est pas que ça. Le réalisateur possède en effet un sens visuel d'une richesse et d'une dynamique exemplaire. Chaque plan délivre son lot d'idées, son sens du cadrage parfait, comme si Cameron savait exactement non pas ce que nous voudrions voir mais ce que nous rêverions inconsciemment de voir. Que ce soit les plans dévoilant la planète Pandora, les plans larges révélant des horizons infinis, les plans serrés contenant chacun un détail les justifiant, ou dans sa dynamique, son sens du découpage, sa définition de ce que doit être une scène d'action, Avatar est un véritable festival visuel dans la droite lignée d'un cinéma classique à son apogée. Il suffit de prendre pour exemple les combats aériens ou encore l'utilisation des mechas (leur maniement est un véritable fantasme de gosses) pour réaliser à quel point James Cameron règne en maître incontesté de la scène d'action.

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En tant que film de science-fiction, Avatar s'inscrit comme une référence implacable en la matière. Le cahier des charges de base de la SF est très simple : utiliser un univers imaginaire, futuriste, pour déployer une argumentation sur notre présent. Sur ce point, le parti pris du film est radical, clair, profond et compréhensible de tous, engagé jusqu'à l'os sans pour autant sombrer dans l'analogie facile et le martelage moralisateur énervant. Bien au contraire, toute l'efficacité de Cameron se retrouve dans le discours écologique définitif qu'il tient et dans la solidité de la finesse dont il fait preuve, sans jamais commettre le moindre écart superflu. Un engagement quasi-politique passant par une spécialité de Cameron : les visions graphiques proches du cauchemar, empruntant à des éléments contemporains, l'un d'entre eux étant bien sûr l'invasion militaire et la destruction qui s'en suit. Une intelligence de construction de discours et de construction d'images allant jusqu'à ne pas fermer ce film à la simple horde de fans de SF, aux « mecs » dans ce que cela peut signifier de plus péjoratif, ou même aux adultes. On se gaussait devant la bande-annonce réservée aux chaînes TV américaines pour enfants, on ne peut que ravaler notre mauvaise langue : Avatar s'adresse à tous et constitue un spectacle fascinant pour les plus jeunes, qui y verront sans aucun doute une sorte de film ultime à voir et revoir en boucle. La richesse graphique, l'émotion qui se dégage, l'affrontement du bien et du mal, la violence brillamment dosée (et toujours justifiée).

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A cela, il faut rajouter la performance exemplaire des acteurs, de Stephen Lang en méchant très « Michael Biehnien » (Abyss), à Sigourney Weaver, qu'il fait si plaisir de revoir en si bonne forme, en passant par Michelle Rodriguez (qui n'aura jamais été aussi belle, soit dit en passant), en passant par ceux qui n'apparaissent que sous des traits virtuels (ce bon vieux Wes Studi, reconnaissable immédiatement !) jusqu'à l'acteur principal, Sam Worthington, d'une justesse parfaite. A cela il faut aussi rajouter la musique de James Horner, dont les mélodies simples sont d'une beauté envoûtante (on est loin de Titanic), la richesse visuelle, etc. Et la technologie.

On aura souvent annoncé Avatar comme une révolution technologique, notamment en ce qui concerne sa 3D relief. Effectivement, Avatar est le film l'utilisant le mieux à ce jour, celle-ci transcendant énormément de plans qu'on n'aurait pas imaginé voir autrement (dans la première minute du film, le plan où les voyageurs sortent de leur capsules de sommeil nous hantera encore longtemps, ce plan spatial étant sans doute l'un des plus beaux depuis 2001 de Kubrick). Mais ce sont surtout les images de synthèses que l'on retiendra, celles-ci franchissant un cap révolutionnaire dans l'histoire du cinéma, puisque chaque personnage possède des expressions faciales jamais vues sur une reconstitution virtuelle. Ils ont une âme, permettant d'oublier en un fragment de seconde qu'il ne s'agit pas d'êtres réels et de se concentrer sur l'histoire. Une caractéristique valable sur chaque élément du film, des insectes aux animaux, en passant par toute la faune et la flore du film.

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Des qualités, des qualités, des qualités.... Et les défauts ? On pourrait reprocher à Avatar de ne pas tenir la comparaison en terme de complexité scénaristique avec Titanic, on pourrait lui reprocher aussi de ne pas atteindre le niveau d'immersion d'un Abyss, mais en fait qu'importe : il s'agit de projets qui n'ayant rien à voir avec cette aventure SF, les intentions n'étant pas du tout les mêmes et Cameron relevant absolument tous les défis qu'il s'est lancé ici.

En résumé : Avatar est un fantasme de cinéma, de science-fiction, de film d'action, de film d'aventure, de personnages et d'idéologie. Un film immense dont l'incroyable révolution technologique n'est que la cerise sur le gâteau. C'est juste du grand cinéma.

(Film Actu.com)

James Cameron Avatar


Critique #4

Avatar est un point final en même temps qu'une majuscule. Soit le bon de sortie de la décennie écoulée et le passeport pour la suivante. Ce que nous échafaudions d'hypothèses dans le dernier Chro (en kiosque) s'est vérifié sur pièces : James Cameron vient bien de réaliser l'aggiornamento d'un certain cinéma mutant, la synthèse terminale de l'esthétique numérique et du cinéma classique. Jusque dans son titre-programme : Avatar, ou comment un soldat paraplégique retrouve goût à la vie et l'usage de ses jambes en devenant un Navii digital. Depuis Abyss, Cameron travaille l'imagerie de synthèse comme un prolongement de son obsession : le dialogue homme-machine (voir son court prophétique Xenogenesis). La puissance formelle de son cinéma qui découlait jusqu'alors de la seule friction entre chair et métal (le robot tueur de Terminator, ses Aliens aux reflets métalliques), va d'abord trouver dans le digital une altérité pacifiste et catalytique (Abyss). Mais très vite, Cameron va lui préférer les vertiges mimétiques du doppelgänger (le T-1000 de T2). C'était il y a vingt ans. Vingt ans au cours desquels la mutation s'est accélérée. Vingt ans qui déboucheront sur ce space-opera écolo un film-monstre où le rapport de force humain / digital se renverse en un plan, celui du premier contact : en 1989, c'est l'alien qui se reflétait sur le casque du plongeur ; en 2009, c'est le visage du soldat qui se réfléchit sur le corps de son avatar. Un signe des temps.

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De la décennie cinématographique qui se referme sur le dernier Cameron restera un sentiment de transition, une hybridation tous azimuts des formes d'un art de moins en moins pur. Deux fronts ont été plus particulièrement enfoncés ces dix dernières années : le réel et sa simulation. Deux fronts a priori antagonistes mais rangés sous la bannière du même envahisseur numérique. C'est lui qui a fait bouger les lignes esthétiques ces dix dernières années, mais pas de la manière attendue. Passons vite sur le flanc gauche, celui attaqué par les néo-séries et la real-tv, qui a poussé le cinéma vers l'effet de réel et l'accélération du récit (c'est un autre débat que le cinéma hyperréaliste de Michael Mann est en train de clore), et restons sur le flanc droit, où l'imagerie de synthèse n'a cessé de grignoter les marges du pacte de crédulité. Les progrès en matière d'effets spéciaux, donc de reproduction du réel, sont venues ébranler ce qui dans un film relevait communément du vrai (les acteurs, les décors). C'est comme si le rendu marmoréen du numérique s'était peu à peu superposé à tout et partout, réclamant sa part de réel alors qu'il rangeait tranquillement le cinéma sous l'égide d'une simulation globale (rien que cette année : Clones, Scrooge, Benjamin Button...). Un paradoxe baudrillardien qui vient d'atteindre son acmée : jamais avant Avatar le faux n'avait semblé si vrai et le vrai si faux.

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De quoi faire résonner autrement l'ironie du colonel Quaritch au moment d'aller massacrer les aliens : « Ce sera humain... Ou à peu près ». Tout est là. On a cru voir hier dans des outils comme la performance capture l'avènement d'une seconde réalité, quand elle scellait en fait la mort de la première : dans Avatar, le corps humain a été phagocyté par la machine et recraché, en mieux, dans un environnement virtuel. De la même manière, on croit aujourd'hui renforcer le réalisme et l'immersion avec la 3D alors qu'elle ajoute une simulation à la simulation. Si les effets et la stéréoscopie d'Avatar sidèrent, ce n'est pas tant à cause d'un quelconque effet de réel (comme si la perception de la réalité se limitait à ça...), mais bien parce que c'est la première fois que virtuel et réel dialoguent sur un même niveau, dans une même dimension.

Les formidables tensions formelles qui traversaient jusqu'alors certains films-mutant d'hier découlait pour une large part d'une déconnexion ontologique : de conception l'image de synthèse est en 3D, quand l'objet-film est par nature une traduction en 2D de la réalité. En injectant tout ce petit monde dans le même moteur esthétique, en passant d'une communication des matières à leur communion, James Cameron vient de justifier le nom de baptême se ses caméras : Fusion. Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est bien l'humain qui est absorbé. L'alien, l'ordure, le corps étranger ici, c'est lui. Pas un hasard si les dernières traces de réel sont les terriens et leur base froide et métallique. Tout le reste, la nature, les Naviis, les bestioles, sortent des entrailles d'un gigantesque disque dur. Un monde volontairement déréalisé (les couleurs oniriques) mais paradoxalement plus crédible. « All is fake », comme le clamait Phénomènes.

James Cameron Avatar

Mais, et c'est le plus dingue, Avatar n'a rien du blockbuster-malade ou théorique (revoir Matrix et surtout ses suites). Non, Cameron ne sait faire que des films pleins, du cinéma total, il est l'entertainer au sens le plus noble du terme, celui qui fait du spectacle une affaire de formes. Tout ce que l'on vient de dire est ici si bien synthétisé, coulé dans une grande forme hollywoodienne, articulé autour de mécanismes narratifs archi-connus (en gros, c'est Danse avec les loups), qu'on le manquerait presque. Si Cameron n'est pas le plus subtil des metteurs en scène, il y a chez lui une capacité hors normes à formaliser des concepts, à produire une iconographie définitive et immédiatement assimilable. On a souvent dit ce que le plan de Ripley dans son mécha devait aux maîtres du manga ; on a moins noté la déflagration provoquée par cette image et ce que ces mêmes auteurs lui devaient.

Cameron est un accoucheur de mondes et son petit dernier est à l'image de ses frangins. Quand les frères Wachowski filment des coulures de sang sur les lignes de codes de la matrice, lui fait littéralement saigner ses avatars. Et comme dans Là-haut, ces quelques gouttes d'hémoglobine suffisent à dessiner une cicatrice plus profonde qu'elle n'en a l'air : quand le non-vivant atteint un tel point d'incarnation, le voir souffrir, pleurer ou hurler crée un trouble palpable. Un trouble qui ne va cesser de se renforcer, de vols à dos de dragons en engueulades digitales, jusqu'au dernier mano a mano, point d'orgue d'une baston orgiaque : homme-mécha à ma gauche, avatar 100% numérique à ma droite. Comme un négatif de la conclusion d'Aliens mais revu et corrigé à la palette graphique. Un duel matriciel (on n'a pas vu ça depuis le finale de Predator) qui culminera dans un plan à la cohérence foudroyante : celui d'une image de synthèse serrant contre elle un corps inanimé. Le film qui s'était ouvert sur les pupilles éteintes d'un humain se clôt sur le regard vivant de son avatar. Mutation achevée.

Julien Abadie (chronicart.com)

James Cameron Avatar


Analyse

Il est très dur d’appréhender un film aussi absolu que Avatar. Bien plus que n’importe quel oeuvre de James Cameron, celle-là est conçue pour passer au travers de différents formats (2D, 3D et Imax 3D, 2,35 et 1,78, Dvd et Blu-Ray, version courte et longue), créer un lien intime avec différents spectateurs (le récit étant à ce point universel, il ne demande qu’à chacun d’y apposer son propre regard), s’incarner de différentes manières, autant de fois qu’il sera vu.

A partir de là, parler du film devient un exercice assez étrange et inconfortable, et si là, tout de suite, au moment ou je me gratte la tête en me demandant comment je vais bien pouvoir organiser les idées qui fusent dans ma ptite tête, si là j’avais l’occasion de retourner sur Pandora durant 2h41, je le ferait en lieu et place de la rédaction de cette petite bafouille. A la limite, allez voir et revoir le film au lieu de me lire, il faut par moment avoir le sens des priorités.

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Morts et (Re)Naissances

Réveil, mort, réveil, mort, réveil…
Tout le monde se souvient des tétanisantes scène de résurrection de Abyss (pour ne parler que de ce film-ci). Tout en délivrant des variations sur le motif avec la même intensité, Avatar s’aventure plus loin. Ici, c’est tout le film qui est basé sur une succession de mort et de renaissances. De l’ouverture (une gestation de 6 ans en cryo, réminiscence de la symbolique fœtale de Abyss) jusqu’au final, la narration repose sur un leitmotiv énoncé cash au début du film : « une vie se termine, une autre commence ». Jake s’éveille et sort d’une boite tandis que son jumeau s’endort et rejoint la sienne. Un humain s’endort tandis qu’un Na’vi s’éveille. Entre les deux, notre divinité en devenir ne cessera de passer par des chutes et des ascensions, des seuils autant symboliques que physiques, qui le pousseront de plus en plus loin vers son propre abandon (le nombre de sauts dans le vide – symboles ultimes d’inconnu et de lâcher prise - est à ce titre spectaculaire) afin de se révéler à lui-même et au monde.

Ce n’est pas un hasard si Avatar est le film de James Cameron qui fait le plus appel à Joseph Campbell. Son histoire est faite de la même étoffe que les plus grands mythes, et le titre en lui-même est une profession de foi. Avatar, en hindou, désigne l’incarnation d’une divinité sur Terre. Le récit que nous narre le conteur est une représentation / extériorisation animiste, symbolique, physique et forcément cathartique du voyage intérieur et de l’élévation spirituelle de l’homme et du monde. Un récit universel et intemporel qui part en quête du primitif et propose d’expérimenter l’essence, le lien qui lie l’humain aux siens et à toute chose vivante.

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Revenir au primitif pour évoluer, tomber pour s’élever, mourir pour naître au monde.
Cameron saisit les mécanismes de l’inconscient humain et les structure, tissant un réseau d’analogies, de symboles et de sensations qui parlent à l’esprit avec la force de l’évidence, et atteignent directement le cœur. Il réorganise la fusion entre le physique, l’intérieur et le symbolique : la quête transcendantale a vraiment pour enjeux l’élévation (la découverte de Pandora et l’ apprentissage auprès des Na’vis se fait par niveaux, avec comme ligne d’horizon les sommets de montagnes volantes) ; l’aventure intérieure se déroule dans un réseau de conscience aussi complexe qu’un cerveau humain ; les notions de lâcher prise et de renaissance trouveront des incarnations littérales dont le pouvoir d’évocation est quintuplé par des symboles archétypaux (il faudra que Jake saute dans le vide, fasse don de sa vie pour dompter son ego, le Dragon, puis qu’il terrasse un autre dragon, celui des hommes, afin de couper le dernier lien spirituel qui le reliait à l’ancien monde). Et au bout du chemin, cette image bouleversante, tissée durant tout le récit et cristallisée durant 10 dernières minutes intenses : celle d’un homme qui doit revenir à sa condition première et s’unir à la Mère, faire le sacrifice ultime, afin de grandir. Littéralement.

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Evolution

Revenir aux origines pour évoluer, grandir sans perdre la mémoire, c’est exactement le cœur et le moteur du film de James Cameron. En utilisant les technologies du Cinéma du futur afin de conter l’une des histoires les plus immémoriales de l’humanité, il unit deux mondes et fait basculer le cinéma dans l’avenir. La 3D stéréoscopique gagne une ampleur inespérée (voir le nombre de salles qui se sont équipées uniquement en prévision du film). Et la Performance Capture, l’enfant de Bob Zemeckis peut enfin, véritablement, naître au monde. Cameron en fait exploser tout le potentiel, déjà présent dans les fabuleux Monster House, Happy Feet, Beowulf et A Christmass Caroll. Si le film marque le véritable avènement de cette forme de cinéma hybride, ainsi que la prise de conscience par le public de la révolution en marche depuis déjà 6 ans (et qui gagne inévitablement du terrain : voir l’utilisation de la Perf-Cap dans les jeux vidéos), c’est que James Cameron représente à l’écran, pour la première fois, l’évolution progressive d’un Cinéma du 20ème siècle jusqu’à une forme aboutie et (le temps nous le diras) sans doute archétypale d’un Cinéma du 21ème siècle marqué du sceau de l’hybridation et de la fusion (des médias, du virtuel et du réel, de l’ancien et du nouveau, etc.).

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Il embarque ainsi le public en lui mettant sous le nez la filiation évidente entre ce qu’il connaît et ce qu’il verra dans les années à venir. Le cheminement de Jake à la découverte d’un monde nouveau est également celui du spectateur. Doublement. Les seuils symboliques dans l’aventure sont autant de palier bousculant le public à chaque fois un peu plus loin dans l’exploration d’un Cinéma nouveau : le premier réveil dans le corps de l’avatar où le spectateur, grisé, est aussi impatient que Jake de découvrir ce nouvel horizon qui s’ouvre à lui (il n’est pas interdit d’y voir également une analogie avec Cameron, ignorant tous les avertissements pour se lancer vers l’inconnu); la scène de découverte de la forêt où l’on est pour la première fois confronté à du tout numérique et où la profondeur de champs induite par la 3D nous explose aux mirettes ; la scène de poursuite avec le Thanator, durant laquelle le cinéaste nous plonge tête la première dans les lois physiques quasi-inédites de sa mise en scène (la caméra effectue ses premiers mouvements impossibles, avec une fluidité vertigineuse qu’on avait pas rencontrée depuis Happy Feet) ; la rencontre avec Neytiri qui laisse abasourdi : l’une des performances les plus incroyablement naturelles de l’histoire du cinéma (Zoe Saldana est juste FABULEUSE) s’incarne dans un corps de synthèse ; la scène incroyable du baiser, où la fusion entre la chair et le virtuel est poussée dans ses derniers retranchements (ce baiser dégage une impulsion érotique et charnelle impensable dans 90% de la production cinématographique de ces 20 dernières années). Et ainsi de suite, de chutes vers l’inconnu en ascension de sommets, de retour au réel à nouveau prodige virtuel... La construction en mort – renaissance prend alors une dimension supplémentaire, avec comme point d’orgue un plan final extrêmement significatif : la mise en scène de la mort de l’acteur de chair et d’os, l’éveil définitif de l’acteur de synthèse.

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Regard

«Tu dois voir »
En une phrase, Neytiri annonce (avec une évidence synthétique qui fait la valeur de beaucoup de dialogues du film) à la fois l’un des nombreux motifs récurrents du film, son enjeu principal et un des projets les plus excitants et stimulants de James Cameron.
Que le film s’ouvre et se ferme sur des yeux qui s’ouvrent n’est pas anodin. Qu’il s’agisse d’une déclaration d’amour (« Je te vois »), d’une raillerie (« un rocher voit mieux que lui ») ou de l’aveu d’impuissance d’un soldat qui ne croit pas si bien dire (« Je suis aveugle ! »), l’œil, fenêtre de l’âme (qui bénéficie ici d’un travail de relief tout en finesse), est central, et Avatar travaille la notion de regard de son premier plan à son dernier.
A un niveau symbolique d’abord (le ventre de la baleine est décrit comme « le lieu ou l’œil ne voit pas », l’âme de Jake Sully ne pourra s’élever de son corps d’humain qu’après que Neytiri lui ait embrassé les deux yeux).

A un niveau spirituel aussi : il faut que Jake apprenne à « voir » (et donc à expérimenter) la nature des choses, l’essence à l’intérieur des êtres et des éléments, tandis que l’amour inconditionnel de Neytiri envers Jake trouveras son évocation la plus pure lors d’une fin de climax en forme de Piéta (quoi de plus inconditionnel que l’amour d’une mère pour son enfant) ou elle voit, littéralement, à l’intérieur de Jake.
Et cette quête du regard, qui glisse bientôt vers la notion bien plus large du ressenti (à l’intérieur de ce monde cinégénique absolu, le ressenti ne peux passer que par les yeux) trouve une incarnation physique dont le but empirique est de faire passer le spectateur par les mêmes expériences sensorielles que son avatar, et ainsi lui faire accéder au parcours, à l’élévation spirituelle et aux clés de la symbolique proposées par le film.

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« Entrez dans le monde »

Comment prendre toute la mesure du saut de Jake vers l’inconnu et comment assimiler la notion de lâcher prise, si le spectateur n’expérimente pas lui-même la sensation du vide ? Comment comprendre la libération qu’impliquent les vols de Banshees si on n’expérimente pas par nous-même le vertige grisant, le vent, le rythme des battements d’ailes ? Comment saisir l’importance de la cosmogonie Na’vi et du réseau de conscience qui anime et lie la Nature aux êtres sur Pandora, si nous-même, nous n’expérimentons pas l’énergie, les climats et les éléments ?

Cameron nous fait « entrer dans le monde », travaille les éléments et la matière. L’eau apaisante, le vent libérateur, l’importance du feu, qui deviendra symbole ultime et physique de destruction et de haine, le métal qui vient sans cesse briser l’harmonie… Avec un art du raccord plein de significations (Jake et Neytiri enlacés, nez contre nez – CUT violent - des hélices d’un Scorpion qui se mettent en état de marche, détruisant l’image archétypale qui a précédé) et une gestion totalement dingue et fulgurante de la caméra portée.
Mis à part Apocalypto, on avait pas vu tel monument de cinéma physique et impulsif depuis Le Treizième Guerrier .

Tout passe par le regard. A ce niveau, la 3D joue un rôle primordial, nous immergeant sur Pandora, tout en sachant se faire oublier pour laisser place à une vision naturelle, « comme dans la vraie vie », qui décuple le pouvoir sensitif, presque érotique des éléments et de la matière.

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Avatars

C’est en Imax qu’on prend la pleine mesure de la mise en scène du regard. Le spectateur étant plongé au cœur d’une image sans cadre, il ne peux plus appréhender l’intégralité de la zone visuelle et doit par conséquent savoir (où) regarder si il veux « entrer dans le monde ». Le public va donc « apprendre à voir » par le biais de la mise en scène de Cameron. Il doit suivre les personnages, tourner brusquement la tête quand un autre protagoniste prend la parole ou fait une entrée significative dans son champs de vision, changer de point focal, et le cinéaste le guide, lui montre quoi regarder (grâce à un savant mélange d’entrées et de sorties de champs totalement ouf, de mouvements de caméra qui réorganisent constamment l’espace et de gestion de la profondeur jouant des différents champs de relief et de changements mises au points aussi extrêmes que fluides) … pour au final le lâcher tête la première dans quelques tableaux d’ensemble tétanisants de densité, chargé jusqu’à la gueule d’informations visuelles et sensitives, sans point focal (ou alors si petit). Le spectateur devra dès lors regarder par lui-même, et « voir » un monde de tous les possibles, jamais contenu dans le cadre (qui, de toutes façons, n’existe plus), et où son potentiel, sa divinité, pourra se révéler.

Ainsi le parcours spirituel de Jake à la recherche du regard devient une nouvelle fois celui du public. Et l’Imax d’intensifier une nouvelle fois cette idée motrice : les gros plans récurrents de Jake dans son caisson, le choc des échelles entre le gigantisme de l’écran et ce simple visage, la précision de la pellicule 70 mm et de la 3D stéréoscopique qui permettent d’en parcourir les moindres détails comme sur une carte, nous plongent dans l’intimité du personnage de la manière la plus saisissante.

James Cameron Avatar

C’est peu dire qu’Avatar célèbre la rencontre la plus harmonieuse, la fusion la plus totale entre une histoire et son spectateur.
Cameron travaille l’identification du public jusqu’au point de non-retour (littéralement pour certains, dont l’auteur de ces lignes, qui ne sont toujours pas revenu de Pandora). Le récit Campbellien est là pour lier toute conscience au vécu du héro par des points d’attaches au socle intangible et universel de l’inconscient. Mais le cinéaste ne reste pas figé dans une structure rigide (une des grandes forces du monomythe de Joseph Campbell étant justement sa flexibilité), il la densifie et s’acharne à ouvrir d’autres voies narratives et symboliques (toujours liées de manière organique à la structure et au cœur de son histoire).

Que l’on s’identifie a un paraplégique (analogie inconsciente avec notre statut de spectateur, assis dans un fauteuil) qui doit passer dans un avatar pour pouvoir marcher à nouveau, ressentir les choses plus intensément que jamais (tout comme le public, grisé par l’empirisme, la virtualité charnelle et le relief), n’est pas un hasard. L’Avatar est celui de Jake Sully. C’est aussi celui de chaque spectateur qui ira voir le film. Avatar est le moyen par lequel tous (acteurs ou spectateurs de l’histoire) accéderont à la quête spirituelle.

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The Dreamwalker

Mais Avatar est aussi et surtout un être / objet complet (Jake devient son avatar, le spectateur investit l’histoire de son inconscient et le film est autant une ouverture vers un monde nouveau qu’une finalité en soi). C’est un film cerveau, forcément complexe.

L’évidence d’abord, Avatar est une oeuvre de rêveur. Et quel putain de chef-d’oeuvre de rêveur ! Cameron s’adresse d’abord à ceux qui ont été bercé aux œuvres de Edgar Rice Burrough, Caza, Robert E. Howard, Moebius, Jules Vernes, Miyazaki ou Rudyard Kipling, aux explorateurs en devenir, à tous ceux qui ont rêvé, une fois au moins, de partir à la découverte des étoiles ou des abysses. En une scène, le cinéaste démiurge convoque l’imaginaire délirant d’un Moebius et la poésie limpide, le sens du mouvement gracieux et vertigineux d’un Miyazaki (Avatar s’impose au passage comme la plus grande œuvre animiste depuis Princesse Mononoke). Il sera peut-être impossible à ceux qui n’ont jamais rêvé de voler de comprendre les larmes que verseront certains à la vision de l’apprentissage du vol des Banshees. Ou bien, à l’image des œuvres des aventuriers cités là haut, et comme un nombre incalculable d’autres scènes du film, cette danse des cieux marquera au fer rouge l’imaginaire de ceux qui se seront laissé porté par le vent et le mouvement perpétuel des Dragons. Oui, Avatar est un rêve !

James Cameron Avatar

Et justement...

« You’re not in Kansas anymore ! » C’est par cette référence au Magicien d’Oz que le film explicite une réflexion profonde sur lui-même, sur sa capacité d’enchantement et sur ses mécanismes. Le film de Victor Flemming, en plus de partager de nombreuses autres similitudes avec celui de Cameron, était très certainement un grand film de rêveur… sur le rêve. Et Avatar suit le même chemin que son illustre aîné.
Dès le premier plan du métrage (une vue du ciel qui plonge dans les profondeurs de Pandora, couvert par une voix Off : «Lorsque j’était à l’hôpital, il m’arrivait de rêver que je volais »), on navigue dans des territoires à la lisière floue du rêve et de la réalité, et le raccord avec un second plan (Jake qui se réveille) vient prolonger la confusion: une plongée dans les profondeurs de Pandora ou une plongée dans les profondeurs de l’esprit de Jake ?

Une grande partie des dialogues du film tournent autour des notions de « rêve » et de « réveil », et dès ses premières secondes, le film introduit un sous-réseau de symboles à son réseau global. Qu’il s’agisse du surnom que les Na’vis donnent aux Avatars (The Dreamwalkers) ou de l’analogie entre le caisson de congélation (lieu du premier « rêve») avec le caisson d’incinération du frère jumeau, puis avec le caisson de transition vers l’Avatar (théâtre de la mise en sommeil du corps humain de Jake afin de laisser vagabonder son esprit dans d’autres contrées), un lien étroit entre Pandora, les avatars, le rêve et la mort est tissé.

James Cameron Avatar

En multipliant les niveaux de réalité (la comparaison avec Matrix ou avec Ghost in the Shell n’est pas interdite), Cameron titille les problématiques de la solitude, la folie et la marginalité qui animaient déjà son Terminator 2 à travers les interactions entre différentes strates de réalités et de morale qui variaient selon la connaissance du futur qu’avait chaque personnage. Et la figure d’un Jake dégoupillant ses grenades au ralenti renvoie forcément a celle de Sarah Connor en déesse guerrière, animée par une haine profonde de la réalité de ces contemporains.

Dans Strange Days, le scénario de Cameron décrivait une humanité constituée de drogués vivant par procuration les souvenirs des autres, accomplissant leur rêves et leurs fantasmes grâce a une identification totale à un point de vue subjectif dans un univers sensitif virtuel. Impossible de ne pas faire le lien avec les procédés d’identifications et d’empirisme maximaux qu’emploie Cameron pour nous faire entrer sur Pandora (une analogie qui vient nourrir et nuancer la problématique sur la technologie, toujours au centre de l’oeuvre du cinéaste).

Impossible également de ne pas voir d’analogie flagrante entre les drogués du film de Bigelow (dont un paraplégique se shootant à coups de rêveries de courses sur la plage) avec la représentation de Jake à mi-chemin du film.
Ne mangeant plus, ne dormant plus, ne se lavant plus, notre héro n’entretient plus son corps humain, ne pense plus qu’à Pandora et (lors de scènes dont la puissance émotionnelle et le degré d’empathie évoque les moments les plus bouleversants d’un Lorenzo’s Oil) il nous est montré à deux doigt de devenir un corps qu’il faut assister, déserté par un esprit parti dans d’autres contrées. Avatar pourrait presque être vu comme l’histoire d’un homme qui s’abandonne dans le rêve et en meurt.

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Mais comme tout grand film organique, une partie ne peux pas exister pour elle-même, et cette méditation sur le rêve doit s’équilibrer avec l’ensemble, le servir. En prenant le problème à l’envers, c’est au détour d’une scène de dialogue entre Jake et le colonel Quaritch, pivot de l’intrigue, que l’on comprend que toute cette symbolique du rêve et la représentation de la détérioration du corps humain du héros est là avant tout pour introduire et du même coup intensifier les enjeux qui présideront à la seconde moitié du film. Dans cette scène, Jake prend délibérément le choix de vivre dans le monde de Pandora, en refusant l’intervention chirurgicale offerte par le colonel afin de continuer la mission, il choisit ses jambes de Na’vis plutôt que celles de son corps humain. Il choisit sa réalité, et celle du spectateur avec, et nous comprenons que le seul moyen d’arriver à l’unité et à l’élévation au bout du chemin sera le lâcher prise ultime, la mort du corps humain. Pour pouvoir renaître une fois pour toutes.

Cette problématique d’une importance primordiale (elle sera au centre du climax) sera encore plus explicitée lors d’une des séquences suivantes, quand pour prendre soin de son enveloppe humaine, Jake manque de laisser mourir son corps Na’vi. Il faut faire un choix… et le choix est fait !

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Aliens

Avatar met en scène l’opposition de deux mondes.
Un modèle patriarcal, rationnel jusqu’à l’absurde, poussé par un instinct de destruction et dont la rigidité contraste avec l’univers matriciel et maternel que représente Pandora, construit sur des formes arrondies, mué par une pulsion électrique de vie et donc en mouvement perpétuel. Deux idées de la vie et de la mort, soutenues par la mise en scène de Cameron tantôt percutante, massive et relativement statique, tantôt d’une fluidité musicale, harmonieuse et vertigineuse.

On se souvient du combat de mères de Aliens. Avatar raconte, lui, la rage d’un père monstrueux (le Colonel Quaritch, homme - machine adepte de la punchline férocement significative : « Ici Papa Dragon », « Viens voir Papa ! » etc.) qui tente coûte que coûte de tuer la Mère archétypale (Pandora, Eywa, Grace, Neytiri), à travers le combats de leurs enfants. Et l’issue de cet affrontement mythologique cache mal une profonde amertume.

Avatar est un film à deux hémisphères. Autant une œuvre candide de rêveur qu’un film rationnel et d’une lucidité qui fait froid dans le dos. Il suffit de voir l’utilisation à double tranchant de la différence de taille des Na’vis et des hommes, qui peut donner lieu à de magnifiques scènes où la fragilité des humains face à la Mère nous fait nous sentir tout petit et humbles (la mort de Grace), tout comme à des images cruelles dans lesquelles la petitesse spirituelle et morale des humains apparaît physiquement. Des enfants tueurs de mère.

La fatalité est une donnée inhérente du Cinéma de James Cameron (l’Apocalypse de Titanic, dont on connaît déjà l’issue tragique avant que le film commence, Terminator 2 et sa représentation esthétique toute en lignes droites et en décors fermées, où le seul moyen de survivre et d’aller rapidement de l’avant, vers un futur qui ne s’annonce pas moins menaçant). Et il la laisse encore exploser ici, lors d’un dernier tiers s’ouvrant par une scène de destruction et de mort totalement inévitable, et qui marque un tournant dans le propos du film.

James Cameron Avatar

« J’était un guerrier qui voulait apporter la paix. Mais à un moment ou un autre, il faut toujours se réveiller ».

Avatar est un film qui enchante et fait rêver afin de nous faire prendre la pleine mesure de sa désillusion et de son amertume. Lors d’un climax guerrier et vindicatif totalement ouf, Jake utilise les armes de ces ennemis, se transforme en Dieu du feu et de la guérilla, armé d’un fusil et dessoudant à tour de bras tous les humains qui passent sur sa route. Et le public, galvanisé par le spectacle, en redemande encore. Cameron accorde plus de gros plans aux Na’vis qu’aux hommes et lors d’un Deus Ex Machina bien moins mesuré que celui de Abyss, il nous signifie que le seul moyen pour la Nature de maintenir l’équilibre est d’exterminer ceux par qui le déséquilibre est arrivé. Radical.

Le film fait idéalement suite à Hellboy 2, le dernier baroud d’honneur des Dieux contre les hommes, et le final fait échos au choix sans concessions que faisait Liz pour son homme rouge.

La date à laquelle l’histoire se déroule fait figure d’avertissements (ce n’est pas encore arrivé, mais c’est dans pas si longtemps), le statut plus humain qu’humain des Na’vi tempère le fatalisme (ils sont comme vous et moi, en tant qu’êtres humains, nous sommes donc capable de la même sagesse et nous pouvons empêcher ça).
Mais lorsque, après avoir vaincu, la voix Off de Jake énonce : «Les Aliens sont repartis vers la planète mourante dont ils étaient venus », la désillusion refait surface au milieu de la félicité. Avatar est autant une quête spirituelle enchanteresse que l’histoire d’un homme qui, poussé par la folie des siens, s’en désolidarise totalement pour au final n’y voir que des êtres totalement étrangers à lui. C’était inévitable.

La fin du film nous laisse la tête dans les étoiles, les jambes tremblantes, le cœur brisé. Le retour à la réalité nous plonge dans un état proche de la dépression, avec le besoin obsédant de retourner direct dans la salle. On ressent déjà un manque, il nous faut notre shoot de rêves. Comme Jake, beaucoup ne reviendront pas de Pandora.

Malgré la musique en mode photocopieuse de James Horner, malgré des coupes pas toujours heureuses (le domptage de la dernière ombre, certains second rôles pas assez développés), malgré quelques dialogues explicatif inutiles (Cameron a souvent eu, dans sa carrière, une tendance à surligner ce qui est déjà parfaitement compréhensible), Avatar s’impose, avec la force de l’évidence, comme un des films les plus beaux, émouvants et stimulants de l’histoire du Cinéma.

Jesus Gris (membre du forum de "Mad Movies")

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